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La revue française de l’élite

dimanche 20 juillet 2008, par Guillaume Gros


 Intitulée « Grande revue mensuelle illustrée », La Revue française de l’Elite qui paraît à partir de 1947, recrute d’abord ses collaborateurs chez les membres de l’Institut qui apportent une forme de légitimité. Citons, à titre d’exemple les noms de Paul Bastid, Pierre Benoît, Henri Bordeaux, André-François Poncet, Louis Madelin, Pierre Renouvin, André Siegfried, Firmin Roz. En outre, la revue accueille également d’anciens disciples de Charles Maurras comme Thierry Maulnier, par ailleurs cheville-ouvrière des Cahiers de La Table Ronde , ou encore Louis Salleron et Henri Clouard.

 De grand format, utilisant la couleur avec une mise en page soignée, la Revue française de l’Elite entend s’adresser, non pas au spécialiste, « (…) mais à celui qui possède un fonds sérieux de culture générale et que le XVIIe siècle appelait “l’honnête homme” ».
L’objectif de la revue consiste, selon les termes de son président, Marcel Rebourset, à maintenir et promouvoir l’esprit français, notamment chez les Français éloignés d’Outre-Mer. Dans l’éditorial aux allures de manifeste du premier numéro, ce dernier insiste, sur la nécessité, dans le « désarroi actuel », d’affirmer la « vitalité de notre Patrie, la pérennité de sa culture à la fois universelle et humaine, la force des vertus qui lui donnèrent une place de premier ordre dans le monde ».

 A l’instar, de la revue de bibliographie J’ai Lu et de La Table Ronde auxquels collabore aussi Philippe Ariès, la Revue française de l’élite défend une « posture classique », l’idée que l’écrivain se situe au-dessus de la mêlée, dans un contexte où les Temps modernes plaident pour une littérature engagée [1].

 Fréquentant alors les salons de Daniel Halévy et de Gabriel Marcel, Philippe Ariès côtoie alors les sociabilités de l’Institut ce qui peut expliquer sa présence dans cette revue dans laquelle il livre des articles à mi chemin entre l’article et la note de lecture à partir du premier numéro, le 25 octobre 1947 jusqu’à la fin de l’année 1950. Il profite de cet espace pour recenser des ouvrages d’historien. Ces comptes rendus dont une partie a été éditée dans Pages retrouvées (Le Cerf, 2020) sont une source irremplaçable pour comprendre comment s’est construit l’historien.


[1Cf. Guillaume Gros, « La posture classique en 1945 : la persistance de la droite intellectuelle après la guerre », in Baudouï R., Garrigues J., Leymarie M., Musiedlak D., Picketty G. (sous la dir.), Un professeur en République, Mélanges en l’honneur de Serge Berstein, Fayard, 2006, pp. 174-181