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Les Traditions sociales dans les pays de France (1943)

samedi 24 janvier 2009, par Guillaume Gros

Philippe Ariès, Les Traditions sociales dans les pays de France, Paris, Editions de la Nouvelle France, 1943, « Cahiers de la Restauration française », pp. 7-159. Rééd. dans Philippe Ariès, Essais de Mémoire, 1943-1983, Paris, Le Seuil, 1983, coll. « L’Univers historique », pp. 91-187.

 Après une phase d’intérêt pour des réalisations liées à la révolution nationale comme ses activités au Cercle Fustel de Coulanges d’Henri Boegner et de professeur dans des centres de formation parisien puis à l’Ecole des Cadres de la Chapelle-en-Serval, Philippe Ariès devient, en 1943, directeur du centre de documentation de l’Institut des fruits et agrumes coloniaux. Cette nouvelle activité professionnelle lui laisse assez de loisirs pour se consacrer à l’histoire et prolonger certaines réflexions issues de ses cours à la Chapelle-en-Serval. Le contexte de l’occupation oriente le jeune essayiste vers ce qu’il nomme « les particularités propres aux plus petits groupes humains, (…) » [1]. Dans le prolongement de son diplôme d’études supérieures consacré à une petite communauté Les Commissaires-Examinateurs au Châtelet de Paris au XVIe siècle , Philippe Ariès entreprend la rédaction des Traditions sociales dans les pays de France, qui constitue un peu la matrice de son Histoire des populations françaises qui est déjà en gestation.

Une approche communautaire

 A partir des différentes formes de sociabilité villageoise sous l’Ancien Régime dans les sociétés communautaires du Nord-Est, les sociétés individualistes de l’Ouest, et chez les paysans bourgeois de Provence, le jeune essayiste s’intéresse aux conduites et aux attitudes dans ce qu’il appelle « la société élémentaire ». Loin de l’Etat qui uniformise, il recherche les « traditions sociales », à partir de l’étude des paysages, dans le pays ou la région. Tout en utilisant l’apport conceptuel des Annales dans sa démarche, Philippe Ariès, appelle à la rescousse la sociologie qu’il met au service de son approche communautaire. Dans un Historien du dimanche, l’auteur évoque ce que son essai doit au contexte de l’époque avec un gouvernement de Vichy favorisant les valeurs d’enracinement et de permanence autour du thème de la région : « J’ai été certainement sensible à cette influence qui confirmait chez moi une sentimentalité ancienne. » Pour autant, cet essai qui n’est en rien un acte d’allégeance à la littérature de la Défaite, laisse entrevoir l’originalité de l’historien des populations.

Le contexte

 Les Traditions sociales dans les pays de France est paru, aux Editions de la Nouvelles France, dans les « Cahiers de la restauration française », d’inspiration maréchaliste, qui inscrivaient leur démarche dans une thématique de réforme morale et intellectuelle de la France sur fonds d’idéologie corporatiste [Cf. l’autre volume paru par M.-H. Lenormand, Vers le régime corporatif (ci-contre)] . Des Cahiers auxquels Philippe Ariès collabora régulièrement jusqu’en 1945 où il livra des notes de lectures et des études [2].

Réédition au Seuil, 1993

 Cet essai n’a été réédité, qu’en 1993, dans un volume intitulé Essais de mémoire (partie « Regards en arrière ») et qui comprend d’autres textes avec un long avant-propos de Roger Chartier qui rappelle que l’Histoire des populations françaises puise l’inspiration de sa première partie dans Les Traditions sociales dans les pays de France.

Plan de l’ouvrage

Introduction

Chapitre 1. Les sociétés villageoises du Nord-Est

Chapitre 2.Les régions à pénétration urbaine : le Vexin

Chapitre 3. Les sociétés paysannes et individualistes de l’Ouest

Chapitre 4. Les sociétés à paysans-bourgeois en Provence

Chapitre 5. Régionalisme, région et littérature

Chapitre 6. Les sociétés religieuses

Chapitre 7. Centralisation et arrondissement

Chapitre 8. Régions traditionnelles et zones d’industries jeunes

Conclusion

Portfolio


[1Philippe Ariès, « L’Histoire dans la civilisation moderne » (1949), dans Le Temps de l’Histoire, op. cit., p. 242

[2Voir Philippe Ariès, « Journal de l’Estoile. Pour le règne de Henri IV », dans François Léger, La fin de la Ligue (1589-1593), Editions de la Nouvelle France, « Cahiers de la Restauration française », 1944, pp. 159-175 ; « A propos de Balzac », dans Paul Chanson. Trois socialistes, Editions de la Nouvelle France, 1945, pp. 149-165