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Biographie

Quelle furent les grandes étapes de la vie de Philippe Ariès ? L’objectif de cette rubrique est de proposer une chronologie qui renvoie, dans un second temps, vers des articles plus précis permettant de mieux comprendre l’itinéraire d’un homme qui, pratiquant "l’égo histoire", ne concevait pas l’idée de dissocier sa vie de son travail d’historien.

Enfance et jeunesse royaliste


 1914 (21 juillet) : naissance à Blois (Loir-et-Cher) puis installation à Paris, six ans plus tard, dans le 16e arrondissement. La famille Ariès garde des liens forts avec la Gironde où son père Emile est né et avec la Martinique d’où est originaire sa mère Yvonne.

 1926 : la condamnation pontificale de l’Action française est vécue comme un traumatisme par la famille catholique, royaliste et d’Action française.

 Années 20 : scolarisé d’abord dans un collège de Dominicains, Philippe Ariès fréquente, au milieu des années vingt, rue Franklin, le collège jésuite Saint-Louis de Gonzagues jusqu’à la fin de la seconde. Études secondaires au Lycée Janson de Sailly. Activité militante chez les « Lycéens et collégiens d’Action française ».

 Années trente : après une année à Grenoble, études supérieures à la Sorbonne, où P. Ariès obtient une licence en histoire et géographie. Il soutient, en 1936, un diplôme d’études supérieures intitulé Les commissaires-examinateurs au Châtelet de Paris au XVIe Siècle.

 1936-1939, milite aux Étudiants d’Action française et écrit, dans L’Étudiant français. Il noue de solides amitiés avec le philosophe Pierre Boutang, Philippe Brissaud, François Léger, l’historien Raoul Girardet.

 1938, rédige un essai sur La Confession d’un enfant du siècle d’Alfred de Musset, édité dans Pages ressuscitées (Le Cerf, 2024, p. 23-70).

 1939 : 1er échec à l’agrégation d’histoire.

La guerre : la découverte de la démographie

 Septembre 1939 : intègre une unité d’élèves officiers à Fontenay le Comte puis est démobilisé en août 1940.

 1941, nouvel échec à l’agrégation. Proche des activités du Cercle Fustel de Coulanges d’Henri Boegner, il participe, fin 1941, à un cycle de conférences du Cercle à la Sorbonne présidé par Daniel Halévy (1872-1962).

 Octobre 1941-été 1942 : formateur à l’École des cadres de la Chapelle en Serval près de Senlis (Oise).

 1943 : directeur du centre de documentation de l’Institut des fruits et agrumes coloniaux (IFAC) qui devient plus tard l’Institut de Recherche sur les Fruits et Agrumes (IRFA) où il exerce jusqu’en 1978.

 1943 : publication de son premier ouvrage Les Traditions sociales dans les pays de France (Editions de la nouvelle France).

 1943-1945 : recherches sur la démographie et publication de l’Histoire des populations françaises et de leurs attitudes devant la vie, en 1948, chez Self bien que finalisée dès la fin 1945.

 1945 (23 avril), son frère Jacques, âgé de 26 ans, se tue sur le front allemand à Uttenweiller (Württemberg).

De 1946 aux années soixante : historien de l’enfant

 1945-1946 : co-dirige avec Pierre Boutang l’hebdomadaire Paroles françaises qui se positionne alors contre l’épuration. Début d’une longue (1945-1984) amitié avec le peintre Joseph Czapski.

 1947 : épouse Primerose Lascazas de Saint Martin originaire de Toulouse.

 1949 : premier article publié dans Population, revue de l’Institut national des études démographiques (Ined), à la demande d’Alfred Sauvy.

 1954 : Le Temps de l’Histoire (Rocher), rassemble des chapitres écrits entre 1946 et 1951, période durant laquelle, il rédige des notes de lecture dans la Revue française de l’Elite, la revue de bibliographie J’ai lu, et dans La Table Ronde.

 Jusqu’en 1955, collaboration occasionnelle à Aspects de la France et quelques conférences à l’Institut de politique nationale.

 1953-1964 : directeur, chez Plon où il était lecteur depuis 1945, de la collection « Civilisations d’hier et d’aujourd’hui » où il publie notamment Michel Foucault, Louis Chevalier, Victor-Lucien Tapié.

 1955-1966, collabore à l’hebdomadaire monarchiste La Nation française dirigé par Pierre Boutang.

 1960 : en pleine polémique, au cœur de la guerre d’Algérie, publie dans sa collection l’Enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime (Plon) fruit de dix ans de recherche dans le prolongement de la démographie.

 Années cinquante : proche des sociabilités de l’Institut où ses trois livres obtiennent un prix, Philippe Ariès fréquente les salon de Daniel Halévy et de Gabriel Marcel qu’il considère comme ses maîtres à penser.

 1962 : Centuries of childhood : A Social History of Family Life (Knopf). La publication aux Etats-Unis de son livre sur l’enfant, passé inaperçu en France, amorce le début de la conquête de la notoriété y compris dans son propre pays.

La reconnaissance en France : l’historien de la mort

 1969-1978 : diversifie sa carrière professionnelle dans la documentation en tant qu’expert auprès d’organisations internationales comme l’Unesco.

 1971 : l’universitaire américain Orest Ranum invite Philippe Ariès pour un cycle de conférences sur le Temps de l’histoire.
Michel Winock réédite une version abrégée de l’Histoire des populations françaises dans la toute nouvelle collection de poche « Points histoire ».

 1973 : toujours par l’entremise d’Orest Ranum, il donne, aux Etats-Unis plusieurs conférences sur les attitudes de l’homme devant la mort à l’origine de l’ouvrage publié aux Editions John Hopkins University Press, Western Attitudes toward Death (1974).

 1973 : alors que l’enfant devient un débat de société, rééd. au Seuil de L’Enfant et la vie familiale sous l’Ancien régime (coll. « L’Univers historique », 1973) dans sa version intégrale avec une longue préface de l’historien qui constitue un essai en soi sur l’ouvrage.

 1975 : Essais sur l’histoire de la mort en occident (Seuil) traduction de Western Attitudes toward Death avec des textes de l’historien publiés sur la mort au cours des années soixante.

 1976 : devenu un historien médiatisé Philippe Ariès se voit donner les moyens matériels par le Seuil de continuer ses recherches aux Etats Unis au Woodrow Wilson Center. Il donne des conférences à Princeton, Ann Arbor et Los Angeles et entreprend la rédaction de L’Homme devant la mort.

 1977 : L’Homme devant la mort (Seuil, coll. « L’univers historique »). Accélère l’intégration de Philippe Ariès parmi les « nouveaux historiens » (Le Goff, le Roy Ladurie, G. Duby, Michel Vovelle) à la suite des problématiques des Annales autour de l’histoire des mentalités.

 1978 : élu directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales. Il quitte l’Institut de recherches sur les fruits et agrumes après 37 ans de bons et loyaux service.

 1978 : publie en mai, dans le premier numéro de la revue l’ Histoire , un article intitulé "La contraception autrefois".

 1981 : Un Historien du dimanche (Seuil), livre entretien avec Michel Winock dans une période de forte médiatisation des historiens.

 1982 : publication avec André Béjin de Sexualités occidentales (« Points », Seuil) issu des réflexions de son séminaire à l’Ehess (1978-1982).

 1983 : parution de l’album des Images de l’homme devant la mort (Seuil, 1983), publié quelques mois après la mort de son épouse Primerose qui l’avait initié dans les années 50 à la lecture de l’image et qui avait joué un rôle essentiel dans sa composition.

 1983 (mai) : Il dirige un séminaire sur la vie privée à Berlin, thème à l’origine d’un vaste projet éditorial, décliné en plusieurs tomes, paru sous sa direction et celle de Georges Duby (1986) après sa mort.

 8 février 1984 : meurt à Toulouse où il s’était retiré l’année précédente.