Accueil > Travaux et études > Réception de l’œuvre de Philippe Ariès > Rendez-vous de l’histoire : Philippe Ariès à Blois

Rendez-vous de l’histoire : Philippe Ariès à Blois

Les vivants et les morts

lundi 4 décembre 2023, par Guillaume Gros

Dans la présentation du thème de 2023, « Les vivants et les morts », le directeur et fondateur des rendez vous de l’histoire, Francis Chevrier, rappelle le projet du festival : « Comment les femmes et les hommes, de tous temps et sous toutes les latitudes, ont composé avec la mort, comment ils l’ont abordée, redoutée, intégrée ou non à leur vie. »

 De son côté, Jean-Noël Jeanneney, président du conseil scientifique, insiste sur l’idée que « l’attitude des humains envers les morts renseigne bien au-delà des rituels funéraires ». C’est dans le contexte thématique de ce 26e rendez vous de l’histoire de Blois (octobre 2023), que Philippe Ariès, par ailleurs né à Blois, en 1914, est évoqué à plusieurs reprises notamment par Annette Wieviorka, Anne Carol ou encore Guillaume Cuchet.

Annette Wieviorka, cite Philippe Ariès

 Dans sa conférence inaugurale « L’historien et ses morts », le 6 octobre, l’historienne explore les relations des chercheurs qui ont travaillé sur la mort. Citant parmi d’autres Yves Coppens, Jules Michelet, Claude Mettra, Marc Bloch, Pierre Chaunu, Michel Winock, Michel de Certeau, Annette Wieviorka évoque le poids des morts dans son itinéraire : « J’appartiens à cette génération née dans l’ombre portée de la guerre, dans une famille dont l’arbre généalogique, côté paternel, a été sauvagement étêté ». « Ces morts qui hantaient nos vies m’ont faite l’historienne que je suis. J’ai offert, à tous ces morts qui m’ont tant manqué, collectivement, le vaste tombeau que sont mes livres ».
 Sur le blog, dédié aux rendez vous de l’histoire de Blois, dans « 3 questions à Annette Wieviorka » (25/09/2023), répondant à la question « Peut-on faire l’histoire de la mort », elle cite Philippe Ariès : « « Oui, bien sûr, et certains historiens l’ont faite, surtout ceux travaillant sur l’histoire des mentalités initiée par l’école des Annales. Trois noms me viennent à l’esprit, mais il y en a d’autres. Philippe Ariès, né à Blois a publié en 1975 une Histoire de la mort en Occident du moyen âge à nos jours ; Pierre Chaunu La mort à Paris. XVIe -XVIIIe siècle, en 1977 ; enfin Michel Vovelle a consacré une grande partie de son œuvre à divers aspects de ce sujet : la vision de la mort, les attitudes devant la mort ».

Anne Carol cite Philippe Ariès

- À l’occasion du festival, dont Le Monde est partenaire, le quotidien a donné, dans le supplément des livres, « carte blanche », à Anne Carol, dans un article intitulé “La puissance et le mystère du corps mort” : « Je fais partie de ces historiens et historiennes qui, depuis une vingtaine d’années, ont tenté de continuer à faire vivre l’histoire de la mort en prenant pour point de départ ce qu’elle laisse derrière elle : un corps, saisi dans toute sa matérialité. Continuer à faire vivre, et non inventer, car l’histoire de la mort émerge dans les années 1960 et 1970 au sein de la démographie historique, attentive aux variations statistiques extrêmes de la mortalité sous l’Ancien Régime, et de l’histoire religieuse, qui s’intéressait aux rites et aux enjeux du grand passage, à la topographie de l’au-delà. Elle s’est épanouie à travers les grandes synthèses de Philippe Ariès (L’Homme devant la mort, Seuil, 1977) et de Michel Vovelle (La Mort et l’occident de 1300 à nos jours, Gallimard, 1983) dans un moment où l’on aspirait à restituer les « mentalités » des hommes du passé. »

Guillaume Cuchet et Philippe Ariès

 De son côté, Guillaume Cuchet, dans une conférence intitulée « Le XIXe, siècle du culte des morts » (8/10/2023) s’interroge sur le culte des morts dans la perspective des travaux de Philippe Ariès : « Comment mieux dire que la forme par excellence du sentiment religieux au XIXe serait funéraire ? C’est à essayer de décrire et de comprendre les raisons du succès de cette invention sacrale du XIXe, sans équivalent sous l’Ancien Régime, que sera consacrée cette conférence. XIXe qui s’est prolongé fort avant dans le XXe, voire le XXIe siècle, puisqu’en 1966 encore, dans le texte pionnier qu’il a consacré à ce culte, Philippe Ariès ne paraissait pas encore se douter qu’il pût décliner un jour. »